Olga Butter se dressa
ruisselante sur son lit. Le train poursuivait sa route vers la campagne
bretonne. Son mauvais rêve l’empêcha de se rendormir, elle décida donc de
prendre un livre et se plongea dedans en attendant le sommeil, qui selon elle,
ne tarderait pas à arriver.
Soudain, elle sursauta.
La porte venait de grincer. D’un grincement pour le moins inquiétant.
- Qui est là ?
Sa question resta
suspendue, avec le silence pour réponse. Olga se rassura en pensant que c’était
sûrement le vent, et que ce n’était pas la peine de paniquer pour une simple
porte mal huilée. Comme elle était quand même un peu angoissée, elle décida
d’aller voir le gardien de nuit pour lui demander de faire huiler sa porte pour
plus de tranquillité. Celui-ci accepta et ils allèrent ensemble jusqu’à la
cabine de la jeune femme. Le gardien se pencha pour inspecter les gonds, et au
grand désarroi d’Olga, il répondit :
- Cette porte est
parfaitement huilée, regardez !
Il ouvrit et ferma la
porte dans un silence total : elle ne présentait aucun signe de mauvaise
vidange. Le gardien partit en ronchonnant tandis qu’Olga restait plantée au
milieu du chemin, abasourdie. « J’ai rêvé, c’est sûr, j’ai du rêver, tout
cela n’est qu’un simple mauvais rêve… », se dit-elle.
Effectivement, quand
elle voulut rentrer dans sa cabine, la porte ne faisait aucun bruit. Elle se
passa de l’eau sur la figure et ouvrit la fenêtre.
- Olga, tu paniques pour
un rien, il ne s’est rien passé, si ce n’est une porte qui grince, dit-elle à
haute voix pour se rassurer.
Une porte qui grince.
Grince.
Effroyablement
grinçante.
Ces mots semblaient
s’être répercutés sur les murs. Mais Olga savait que c’était seulement son
imagination débordante, rien d’autre. Elle le croyait.
Elle voulut rouvrir son
livre qu’elle avait retourné pour ne pas perdre sa page, mais curieusement, ce
n’était plus la même page. Sur cette page-là, s’étalaient en gros
caractères :
1E PARTIE : FOLLE.
Olga savait très bien
que ce n’était que le livre qui parlait de cela, mais le mot aurait trouvé sa
place dans la réalité. Elle était. Folle.
Elle regarda les noms
des deux autres parties :
2E PARTIE :
PARANOÏAQUE
3E PARTIE : SUICIDE
Ce livre n’était pas des
plus joyeux. Mais elle ne savait pas pourquoi, elle sentait un lien entre ce
livre et elle-même. Alors quand elle lut le nom de la troisième partie, elle se
retint de crier. Elle ne voulait pas finir comme l’héroïne du livre.
- Pourtant il le
faut !
Cette voix, qu’elle
croyait sortie de son imagination, était cette fois bien réelle. Une voix rauque
et masculine, sournoise. Elle semblait venir de partout à la fois. Olga lâcha
son livre, terrorisée. Elle pensa cyniquement : « Et ça, c’est mon
imagination, peut-être ? »
Soudainement, elle
entendit un cri effroyable, lui aussi sorti des murs, qui lui vrilla les
tympans. Son sang se glaça. Elle voulut se boucher les oreilles, mais il
retentissait encore plus fort. Le cri était tellement perçant que le sol
tremblait. Elle se jeta sous sa couette pour ne plus l’entendre. Puis elle se
releva avec l’intention de sortir et rasa le mur pour atteindre la porte. Les
objets en verre volèrent en éclats : la lumière, son verre, les fenêtres du
train…
Elle appela à l’aide
cinq fois. A la cinquième, le cri cessa et des gens en chemises de nuit et
pyjamas arrivèrent, leurs lampes de poche à la main. Lorsqu’ils la virent, elle
était plaquée contre le mur, aussi pâle qu’un fantôme. Ses yeux étaient fermés.
Tout d’abord, on la crut morte, puis elle s’éveilla et regarda autour d’elle.
Les objets en verre
n’avaient pas éclaté. Tout était
absolument normal. Tellement normal qu’à un moment, elle crut que tout
s’arrêterait.
Elle vit les gens qui se
pressaient autour d’elle, et elle crut à des bêtes malfaisantes, sous la
lumière fantômatique des lampes de poche. Elle faillit hurler, mais se retint,
ils ne lui voulaient aucun mal : ils la rassuraient, la faisaient boire.
Ils devaient la prendre pour une… Elle était. Paranoïaque.
Tout cela était
peut-être arrivé dans sa tête. Ou peut-être était-ce un fou furieux qui jouait
avec ses nerfs. Elle ne savait pas.
Lorsque les gens
partirent, en lui recommandant de se relaxer et de prendre du repos, elle
reprit le livre. Il avait évidemment changé de page.
2E PARTIE :
PARANOÏAQUE.
Mais ce n’était pas
« normal ». Pourquoi trouvait-elle ça normal ? Il n’y avait rien
de normal à ce qu’un livre change de page tout seul.
Mais enfin, toute son
histoire était résumée dans ce livre. Et comme quand elle était enfant, elle
voulut savoir la fin. Elle l’ouvrit à la dernière page, dernière ligne :
« Et elle sauta du
train en marche. C’était fini. »
Et voilà, maintenant,
elle connaissait la fin.
Sa fin.
Quand elle rouvrit les
fenêtres fermées par ses voisins de cabine, elle se demanda ce qu’elle faisait.
Elle trouva ça tellement bête. Mais elle devait le faire. Elle monta sur le
rebord. Elle n’avait pas peur. Elle sauta. C’était fini.
Le livre se ferma d’un
coup sec. Sur la couverture, à l’endroit du nom de l’auteur, était écrit le
nom : OLGA BUTTER.
Tu devais être énervée quand tu as écris ce texte, le thème n'est pas très joyeux! En tout cas hormis une ou deux répétitions, ton écriture est très jolie (et est plus personnelle que celle du texte 2).
RépondreSupprimerEh bien en fait, je n'étais pas spécialement énervée, c'est le concours qui faisait que j'ai écrit ce texte un peu glauque, je l'avoue !^^ Oui, les répétitions, c'est mon point faible...!
SupprimerEt merci beaucoup pour le compliment !!!