Chronique 4

Terrienne, de Jean-Claude Mourlevat

J'ai terminé « Terrienne » de Jean-Claude Mourlevat. Et j’ai été agréablement surprise, parce qu’à la base, les dystopies un peu science-fiction, c’est pas trop mon truc.

Mais dans ce livre, l’ « autre monde », les passages entre les mondes, les différences, et les aventures dans des villes mortelles, ce sont un peu des métaphores. J’expliquerai ça plus en détail un peu plus bas.

Ce livre, selon moi est accessible à tous, car l’écrivain (que j’adore !) nous décrit les choses tellement bien qu’on arrive très bien à s’imaginer un monde que l’on ne connaît pas. Certains livres que j’ai lus ne le faisaient pas assez, ce qui faisait que j’étais tout de suite ennuyée. « Terrienne », c’est un livre vraiment beau avec une histoire qui nous tient en haleine, nous attendrit, nous fait sourire ou alors nous émeut. J’ai aussi bien aimé la couverture.

Résumé :

Tout commence sur une autoroute. Un conducteur (qui se révèle être écrivain), Etienne Virgil, prend en stop une jeune fille accompagnée d’un scarabée. Elle paraît rêveuse et un peu étrange. Mais ce n’est qu’une impression. Car Anne est à la recherche de sa sœur, disparue depuis un an, le soir de son mariage. Et Anne se sent coupable d’avoir écouté sa sœur, qui lui affirmait que tout se passerait bien alors que la jeune fille pressentait depuis le début que cela allait mal tourner.

Tout semble tout droit sorti d’un conte de fée lorsque Etienne dépose la jeune fille devant un panneau indiquant « Campagne 3,5 », et que le panneau est introuvable le lendemain.

Anne vient bel et bien de passer dans un autre monde, et elle est persuadée que sa sœur y est. C’est alors que commence une aventure hors du commun. Anne rencontre plusieurs personnages qui vont soit lui venir en aide, soit la nuire.

Et tout s’aggrave encore plus lorsque Anne pénètre dans une ville ressemblant fortement à l’enfer.

Anne retrouvera-t-elle sa sœur ? Et réussira-t-elle à sortir vivante de ce cauchemar devenu réalité ?

Mon avis : 

Le résumé paraît forcément un peu tiré par les cheveux et l’histoire sans grand intérêt. Mais en fait, pas du tout. Ce livre est complètement embelli et sublimé par l’écriture de Mourlevat. C’est du grand art. L’histoire est très bien menée, pleine de rebondissements, d’imprévus, de moments franchement émouvants, comme l’histoire du soldat émeraude, poignante, (ceux qui l’ont lu comprendront) : la nécessité pour la jeune fille d’oublier, de prendre ce cachet pour ne plus avoir à lutter contre ses souvenirs, c’est vraiment magnifique. Certains passages sont très amusants, comme les conversations irréelles et absurdes entre Anne et  les habitants de l’autre monde, ou leur dégoût pour la nourriture terrienne. Le fait aussi que l’histoire soit racontée du point de vue de plusieurs personnages nous en apprend plus sur les intentions de chacun, leurs buts, leur manière d’agir, pas forcément perçue comme elle devrait être perçue, etc.

Déjà, les personnages. Ils sont très bien décrits, et on arrive à se les imaginer très rapidement. Anne est une jeune fille qui passe un peu inaperçue, timide, réservée, étrange, jusqu’au jour où elle passe dans l’autre monde. Elle se montre alors persévérante, rusée, courageuse, battante, et on a envie qu’elle réussisse.

Etienne est un vieux monsieur, écrivain, ronchon, pas satisfait de son nouveau livre, mais je l’ai trouvé vraiment drôle, tendre et attentionné derrière son apparence de vieux râleur et solitaire. Entre ces deux personnages vont se tisser des liens très forts.

On rencontre aussi au cours de l’histoire les habitants de l’autre monde. Ils ne se marient pas, ils ont des compatibles, des gens avec qui ils sont censés s’entendre toute leur vie et choisis par des spécialistes, et ils n’ont pas de relations sexuelles, leurs enfants grandissent dans des couveuses. Ils ne respirent pas, ne rient pas, ne font pas de bruit, ni de saleté, n’ont pas d’émotions (ni peur, ni mal, etc.), pas de maladies. Ce monde est vide, vide sens, de sentiments, rempli d’hommes semblables à des automates, et de voitures qui glissent silencieusement. Tout est réglé, sur mesure, il n’y aucun imprévu, tout « glisse silencieusement ».

Ce monde pourrait sembler parfait, mais en fait pas du tout. Il est noir, et complètement horrible. L’existence finit par ne plus avoir de sens. Ce que veut nous dire l’auteur, c’est qu’il ne faut pas avoir envie d’un monde comme ça, tout réglé, sans aucun imprévu, car cela serait un enfer. D’ailleurs, les habitants de ce monde meurent comme cela, d’ennui : ils s’assoient, et ne se relèvent plus.

Ajoutons à cela une petite dose d’amour, et l’histoire est vraiment parfaite. L’amour entre Anne et un habitant de ce monde, Bran, est là pour relier le tout, et donne à l’histoire des dimensions héroïques : l’amour de deux personnes venant chacune d’un monde différent.

Je vous conseille donc absolument ce livre : vous ne serez pas déçus !

A propos de l’auteur :

Jean-Claude Mourlevat est né en 1952 à Ambert en Auvergne, de parents agriculteurs. Il est le cinquième enfant de six (trois frères et deux soeurs). 


Il fait des études à Strasbourg, Toulouse, Bonn et Paris et exerce le métier de professeur d'allemand en collège pendant cinq ans avant de devenir comédien de théâtre.

Il est notamment l'auteur et l'interprète du clown muet nommé «Guedoulde», spectacle joué plus de mille fois en France et un peu partout dans le monde.

Il met en scène de nombreuses pièces de Brecht, Cocteau, Shakespeare… 


Depuis 1997, il publie des ouvrages pour la jeunesse. Il écrit tout d'abord des contes, puis un premier roman, "La Balafre". Depuis, les livres se sont succédés avec bonheur, plébiscités par les lecteurs, la critique et les prix littéraires. 


Jean-Claude Mourlevat réside près de Saint-Étienne, avec sa femme et leurs deux enfants.